Quand je serai mort



Quand je serai mort
vous ne penserez plus à moi
-silence et absence-
un nom sur une marguerite d’os
que je ne serai plus là pour effeuiller.
Je t’aime un peu beaucoup
passionnément
brisez vos douces mains à soulever la dalle
soulevez la dalle car je suis là
je n’ai plus en guise de lèvres et d’yeux
qu’un peu de terre d’où jaillit le blé.

Le blé est mon regard
le blé est mon baiser
je suis moins que le coquelicot
je suis moins que le duvet du rossignol
qui fut l’été.

Eté ma grande saison
amour ma grande journée
et Vous
le seul rêve qui ait pu m’éveiller.

Je m’endors et je meurs.

Quand je serai mort
vous ne penserez plus à moi
avec moi mourra ma musique
et si des lèvres vives la chantent encore
ce seront-elles que vous aimerez

Texte Alain Borne,  Quand je serais mort.
Photo © marc-thirouin

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