Gentil Naïf



Tu t’es servi de moi pour te venger de lui.
J’aurai du voir le présage dans le tranchant de tes yeux,
Le blanc de tes dents,
Le son de ta voix qui flatte à contre temps,
L’ombre souillé et volage sur le pas de la porte,
Le reflet d’une lune sèche sur la ville crayeuse,
Les nuages bavant un filet de morve épaisse.

De ton regard de verre
Nu je souffre encore
D’une blessure à la poitrine
D’une blessure à la jambe.

J’ai compris depuis,
Je suis un ver dans un cocon de sang
Un Narcisse attardé,
Gentil naïf n’ayant pas lu Lacan,
Un ignare inconscient,
En un mot comme en cent je suis nul,
Un consommable ne connaissant pas son délit.

Comme un papillon de nuit
Je reste en état de chantier.
Ce soir là j’aurai bien mieux fait d’aller à la pêche au cachalot.

Photo © Charles E. Nevols
Texte© Pascal Sauvaire

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